Une Olympienne douloureuse mais heureuse
Publié le 21 Mai 2014
Après avoir bouclé 2 Sparthatlon, 2 Ultr'ardéche, 2 Nove Colli, ce n'est pas les 180km et 5200m de D+ de l'Olympienne qui allaient m'effrayer et me poser des problèmes me dis-je?
Un peu insouciant et prétentieux le Chamois d'Or, penserez-vous?
Vous êtes dans le vrai et c'est la fleur au fusil que je me suis rendu en Grèce afin en participer à l'épreuve créer en 2001 par le regretté Auguste Lespinas.
Alors me direz-vous, tout s'est donc bien passé, la ligne d'arrivée a été franchie en 27h10 et la course n'a été qu'une formalité?
Et bien non car le dossard 89, il a :
- Utiliser une nouvelle marque de chaussures, de chaussettes ainsi que des semelles de correction fraîchement moulées.
- Eu mal à sa cheville
- Chopé des ampoules aux deux pieds dès le 70ème km.
- Insulté le moindre caillou rencontré.
- Saoulé ses 2 potos Chamois avec ses hennissements et ses soufflements de baleine.
- Grogné instantanément à la moindre montée et descente ( et il y en avait beaucoup beaucoup).
- Demandé à ses acolytes de continuer leur course sans lui mais sans succès.
- Monté un plan pour fausser compagnie à ses deux gardes du corps au 85 ème km mais Françoise Pallaruello l'en a empêché.
Alors, vous avez compris que cette "balade de santé" n'a pas été une partie de plaisir mais une longue galère douloureuse.
J'ai donc pensé fortement à:
- Clara qui, de son lit d'hôpital, devait me prendre pour un petit joueur.
- Zoé et Louisa, mes 2 petites filles, qui m'ont encouragé et que je ne pouvais décevoir.
- Toutes celles et ceux qui m'aiment et qui me soutiennent de prêt ou de loin.
Mais ça n'a pas suffit à évacuer mon désir forcé d'arrêter et c'est là que sont rentrés magistralement en scène Bip bip et Coyotte.
Et à partir de cet instant précis, je ne pourrai leur fausser compagnie, j'étais leur "prisonnier".
Leur détermination inébranlable de m'emmener jusqu'au bout m'a ému profondément. Au nom de notre amitié, ils ont sacrifié leur course pour m'aider à rentrer dans le stade antique d'Olympie.
Leur abnégation et leur renoncement à un chrono meilleur est ancré dans ma mémoire, je ne l'oublierai jamais.
Une page de ma vie de coureur s'est écrite ce week end et quelle page, celle de l'entraide purement gratuite entre des êtres humains.
Gégé, Fyfy, je vous dédie ma "victoire" et vous offre ma couronne d'olivier, elle est pour vous.
J'ai été un peu long encore une fois mais je vais terminer en remerciant celle qui me suit depuis 25 ans sur mes courses de folie, celle qui dort peu ou pas, celle qui roule sur des petites routes inconnues, sinueuses et dangereuses, celle qui me fait repartir quand le moral est au plus bas, celle qui est Laurence.
Courir est souvent facile et agréable mais accompagner un concurrent est, la plupart du temps, très difficile et très fatiguant. Alors, merci et encore merci mille fois d'être à mes côtés dans les moments intenses, difficiles et aussi joyeux.
Et dire que certains pensent que la course à pied est un sport individualiste mais que feront-on sans vous, supporters, bénévoles, familles, organisateurs et amis coureurs?
Merci à vous toutes et tous qui m'avez envoyé vos messages d'encouragement, ça m'a fait chaud au coeur.
Tibo le grec