L’Olympienne de CLARA

Publié le 23 Mai 2014

4 Guerriers, 4 Couronnes pour CLARA

Après notre dernier périple grec, nous voilà repartis pour un nouveau challenge, un nouveau défi tel que nous les aimons. Notre compère Titi 44 nous a fait « faux bond », lui l’investigateur de ce rendez-vous mais on lui pardonne … après la course …

Un petit périple donc de 180km dans le Péloponnèse, entre l’Ancienne Némée et le stade mythique d’Olympie.

Pas d’esbroufe ni de fanfaronnade, l’humilité doit toujours être présente en nous. On sait bien que rien en ultra n’est écrit, et que chaque course apporte son lot de découvertes, de joie, mais aussi de souffrance parfois.

Avec Tib, petit Jean et le coyotte de Sangas, nous avons décidé de relever un autre challenge. Pour cette épreuve, nous allons emmener dans notre cœur la petite Clara. Elle se bat de toutes ces forces depuis quelques mois pour vaincre sa leucémie avec un courage exemplaire et une force hors du commun. Nous nous devons de faire preuve du même courage et de la même force. Elle sera présente à nos côtés à chaque instant de notre course.

Accompagné de nos deux ravissantes accompagnatrices, nous arrivons en terre grecque mercredi et nous nous installons près de Corinthe en bord de mer. L’attente est longue même si nous apprécions et vivons pleinement ces moments de complicités et d’échanges, avec même de franche rigolade.

Jeudi

La pression monte doucement, et ce malgré une certaine habitude. Mais cette pression je la juge toujours comme nécessaire et propice afin de ne jamais banaliser ce type d’épreuve. Ne pas stresser mais bien conserver toute la lucidité nécessaire et indispensable pour aborder dans de bonnes conditions ce type d’épreuve.

La préparation des Drops bag est faite selon un « rituel » bien huilé : préparation de sacs pour les CP avec à la fois du ravitaillement et le nécessaire pour pouvoir se changer le cas échéant. Comme je partage la chambre de Petit Jean je le sens bien quelques peu intrigué, lui qui a préparé trois malheureux sacs et deux paquets de graines ….Rassures toi, je prévois toujours beaucoup plus et même si je ne l’utilise pas, je sais que c’est là.

Vendredi

Jour J : matinée très calme, repos et discussion avec les autres coureurs, instant privilégié de partage. Dernier repas en fin de matinée et c’est parti vers l’ancienne Néméa pour le départ à 14h30.

On ressent de plus en plus la pression dans l’attitude des uns et des autres, dans leur comportement. Certains sont expressifs, volubiles, d’autres beaucoup plus intérieur (c’est bien mon cas je crois !!). Pas de pression inutile, simplement bien rentrer dans la course sans appréhension… l’expérience sans doute après un certain nombre d’ultras, de raids dans le désert ou autres 6j.

14h30 : le peloton de 120 coureurs est lâché. J’emmène CLARA avec moi pour cette belle balade dans le Péloponnèse. Elle ne me quittera plus jusqu’au lendemain soir.

Comme je l’avais prévu, départ au rythme de l’escargot.. . Un tout petit 10km/h me va très bien, un début sur route qui me convient tout à fait pour la mise en jambes. Mon petit coyotte de Sangas et mon Tib sont déjà partis devant. Le vieux doit chauffer le moteur sinon il y a risque d’explosion rapidement. CP1 puis CP2 atteints sans difficulté bien sûr. CP2 ou je retrouve mon petit coyotte parti aussi prudemment. On atteint ensemble le CP3, comme d’habitude, il traine un peu au CP ….non ce n’est pas vrai mon coyote, c’était presque parfait cette fois, encore un petit effort et tu seras au top. Je repars devant tranquille vers le CP4, espérant très rapidement le voir revenir. Première difficultés du parcours avec les premières bonnes grimpettes. Le ciel devient bien noir rapidement et lorsque je rejoins la route, un bel orage nous tombe dessus. Je fais toute la descente sur la route sous la pluie, en tee-shirt … J’ai les mains complètement gelées, mais je me sens tellement bien dans cette très longue descente ; J’ai vraiment envie de lâcher les chevaux mais je sais que ce n’est pas raisonnable. Je reviens doucement à hauteur de Thierry et reste un moment avec lui avant de terminer seul jusqu’au CP4.

J’attends tranquillement l’arrivée de mon petit coyotte du Sangas, puis vois arriver mon tib que j’avais doublé sans m’en rendre compte sous la pluie, il avait mis sa tenue de camouflage … _.

Nous voilà maintenant tous les trois regroupés et là, c’est vrai tacitement, sans même échanger un seul mot, nous savons au fond de nous que nous resterons ainsi ensemble jusqu’à la fin de la course. Chacun alternera euphorie et galère, tour à tour. Je vais être le 1er à galérer vraiment un peu avant LIVIDI. Eh oui, bien tôt, malheureusement comme d’habitude, des gros ennuis gastriques m’obligent à plusieurs arrêts sur les taillis…. Avec comme d’habitude plus aucune énergie. Au CP suivant, malgré le ravitaillement copieux, rien ne passe et je ne suis vraiment pas bien. Même la vue de leurs assiettes de pâtes me gêne !!

Rien ne passe et je n’en ai absolument pas envie. Après un long moment au CP et merde nous décidons de repartir. Je n’ai plus de jambes et après 100m l’envie de revenir au CP pour me reposer est bien présente comme je sais que nous avons beaucoup d’avance. Loin de moi l’idée de m’arrêter, ça il n’en sera jamais question dans ma tête, je sais que ça va revenir, j’ai l’habitude et je dois être patient et laissé passer « l’orage ». L’aide et les encouragements de mon petit coyotte et de mon Tib me réconfortent, je m’accroche, je ne parle plus du tout …je sais que je ne dois pas lâcher. Là ce n’est même plus la vitesse de l’escargot … plus de souffle, plus de jambes. L’un après l’autre ils me forcent à boire régulièrement et à recommencer à m’alimenter. Plus d’une heure durant, dans cette très longue montée entre les sapins, je les laisse me « porter », et petit à petit les forces reviennent. La machine repart tranquillement et je retrouve toute ma lucidité et de nouvelles très bonnes sensations au bout d’une heure et demie. La nuit va ensuite s’écouler lentement, avec la pleine lune qui nous surveille. Une nuit très fraiche pour le moins, mais heureusement la doudoune me permet de rester bien au chaud et ne pas du tout ressentir le froid. Nous alternons course et marche rapide en fonction du profil qui se présente et nous progressons à un bon rythme.

Mon Tib commence à galérer, et il devient de plus en plus râleur et grognon. Soupirs, hennissements même se succèdent … et la parole rituel : « laisser moi je vous retarde !!! », il est marrant quand il veut le bougre….Trois nous sommes, trois nous le seront jusqu’à la ligne d’arrivée. Ça nous fait toujours bien rire avec mon coyotte, et on en profite même pour le chambrer un peu. C’est vrai que je sens que c’est dur pour lui, et nous adaptons notre course ainsi. Je ne me fais aucun souci sur notre arrivée. Après un rapide calcul, compte tenu les kilomètres et le temps qui restent, je sais très vite que nous serons au rendez-vous avant 18h30 au stade d’OLYMPIE, même en marchant à 6km/h.

Les kilomètres vont ainsi défiler et durant toute la matinée du Samedi, nous pouvons encore alterner course et marche même si le profil parfois est très exigeant. Deux CP en fin de course vont être particulièrement pénible, l’un de 9km et le suivant de 12km, avec de véritables montagnes russes. Là je peux vous assurer que mon tib râle vraiment ….Mon coyote est toujours aussi serein, il nous laisse souvent partir devant lorsque nous marchons puis reviens tranquillement à sa main en trottinant. Je le sens très à l’aise aussi sur cette fin de parcours.

Dernier CP, avec un Français, et quelques paroles d’encouragement…Marquage au sol des 5 derniers kilomètres, on sait que c’est gagné et que nous allons réussir notre beau challenge pour CLARA. JE suis persuadé que sa force et sa volonté nous ont vraiment aidés tous les trois lorsque nous étions dans la douleur. Dernier km, notre Tib se sent pousser des ailes et se remet à courir pour l’arrivée finale. Mon coyote sort notre beau drapeau et nous franchissons ensemble, comme un seul, cette belle ligne d’arrivée.

Nos merveilleuses accompagnatrices qui nous ont tant bichonnés sont là avec Jean déjà arrivé. Un instant de communion intense entre nous… sans un mot mais si profond.

4 au départ, 4 à l’arrivée …. Facile à dire, mais nous l’avons encore fait après l’ULTRADECHE et la SPARTATHLON.

Vivement la prochaine.

 L’Olympienne de CLARA
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 L’Olympienne de CLARA
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 L’Olympienne de CLARA

Rédigé par les chamois du NIVOLET

Publié dans #COMPETITIONS

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J
Encore un bel article qui nous permet de nous replonger dans l’atmosphère et l'intensité des moments partagés. <br /> Bravo Gégé d'avoir été l'instigateur de cette belle initiative pour CLARA et beau résultat.<br /> Au fait, merci pour les étiquettes pour mes drop bags, seule carence à ma terrible logistique qui a du te déstabiliser.<br /> C'est avec impatience que l'on attends l'article de Fyfy maintenant.
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L
Qu'elle doit être fière de vous Clara!! Bravo les chamois
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T
Et en plus, il n'était même pas fatigué le coach
T
Comme quoi les grands esprits se rencontrent. Quand j'ai reçu ton courriel, je me suis empressé de le lire sur mon téléphone mais je n'ai pas vu le titre. Après la lecture, j'en ai cherché un et celui là qui m'est venu à l'esprit.<br /> Que c'est bon d'écrire et de lire les ressentis des uns et des autres. Ces déchiffrages intenses nous grandissent et nous montrent que l'ultra n'est pas seulement sportif.<br /> Un seul petit truc me chagrine, j'avais pas eu l'impression de ronchonner autant....
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B
c'est beau, c'est humain, c'est une belle aventure entre potes; je kiffe!